Lancée par Paul Davison et Rohan Seth au printemps 2020, la nouvelle plateforme digitale Clubhouse à l’art de cultiver une certaine forme de secret. Accessible uniquement via un système de cooptation et disponible seulement sur ios, le réseau social est peut être l’un des clubs les plus sélectifs du moment. Une exclusivité qui crée un sentiment de frustration et un engouement certain pour tester la nouvelle sensation estampillée Silicon Valley.
Quel est donc ce nouveau phénomène qui donne de la voix ?
L’année 2020, marquée par la pandémie de Covid-19, a célébré l’avènement du podcast. Les compteurs du nombre d’épisodes diffusés ont véritablement explosé sur toutes les plateformes et force est de constater que le public est au rendez-vous. De manière plus générale, que ce soit au travers de rapides messages ou l’écoute de conférences en ligne, la voix s’est immiscée depuis quelque temps déjà, dans nos vies connectées.Il paraît de fait naturel de voir une plateforme lui être aujourd’hui dédiée.
Clubhouse est une application basée sur des conversations audio en direct, à suivre à plusieurs. Les premiers pas, très classiques, invitent les utilisateurs à se créer un profil et proposent un principe d’abonnements/abonnés en fonction des intérêts et des envies de chacun. L’originalité de l’expérience Clubhouse réside dans son approche contenu uniquement centrée sur l’utilisation de la voix. En effet, aucun autre type de contenu n’est partageable sur la plateforme. Une fois les formalités remplies, chaque utilisateur peut explorer les salons de discussions thématiques ou créer sa propre chatroom, pouvant accueillir jusqu’à 5 000 auditeurs afin d’ échanger tous ensemble. Enfin, si on vous donne la parole.
Une expérience plus humaine
Clubhouse mène une chasse très sévère aux faux profils et autres trolls qui souhaiteraient venir polluer les salons de discussions. C’est pourquoi chaque utilisateur est obligé de renseigner sa véritable identité. Avec comme seul moyen d’expression votre véritable timbre de voix, l’application oblige chacun à se livrer d’une manière plus intime et brise la distance protectrice de l’écran ou de l’image. Cela crée un effet de modération naturelle chez la plupart des utilisateurs, il est en effet plus délicat de propager des discours nauséabonds lorsque vous ne pouvez plus vous cacher. Chaque salon de discussion offre alors une expérience communautaire puissante. Avec l’impossibilité d’enregistrer les séances et de partager les contenus, Clubhouse joue à fond sur l’ immédiateté et suscite la peur de manquer un moment capital. Cette “new place to be” voit se presser les utilisateurs dès les ouvertures de salles en espérant ne pas se voir refouler à l’entrée dans le cas où la session serait complète. La communauté s’est déjà illustrée récemment lors d’une session musicale consacrée à des reprises des chansons du Roi Lion. Devenue rapidement virale, l’événement a démontré à quel point la voix était un formidable outil permettant de réunir les gens.
Pourquoi un tel engouement ?
L’émergence de Clubhouse dans l’écosystème, assez confidentiel il faut l’avouer, des réseaux sociaux vocaux, réside dans le plébiscite que lui consacre aujourd’hui une pléiade de célébrités américaines telles que Mark Zuckerberg, Oprah Winfrey ou encore Ashton, Kutcher. Le 30 janvier dernier, les demandes d’adhésion ont explosé lorsque l’on apprenait qu’Elon Musk animait lui-même une conférence sur la plateforme. Tout d’un coup, Clubhouse portait la promesse de nous offrir un moment de discussion, personnel, en direct avec Jared Leto, ou encore de commenter des beats avec Drake. Une communication très maîtrisée qui permet aujourd’hui à la version beta de l’application de compter plus de 3 millions d’utilisateurs et d’être valorisée à plus d’un milliard de dollars.
Encore à l’état de version Beta, Clubhouse attise la curiosité. Alors que le feu des projecteurs est braqué sur elle, l’application a déjà démontré de son potentiel de contenus qualitatifs et de l’intérêt qu’elle suscite. Si des questions demeurent sur sa modération, la capacité à rassembler des salons de discussion renouvelle complètement l’approche expérientielle d’événements virtuels aujourd’hui. Si clubhouse en est encore à ses balbutiements, nul doute que l’on en entendra très vite parler à nouveau.
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